L’industrialisation de la Chine selon le schéma traditionnel d’usines à bas coûts exportateur, puis de montée en gamme, à l’instar de la Corée ou du Japon sera-t-il l’exception à la fin du miracle industriel ? En effet, l’industrie 4.0 amène un bouleversement profond du modèle de développement des pays émergents, en les privant de l’accès au modèle d’industrialisation classique et exportateur de produits low-cost. Certains parlent de désindustrialisation précoce des pays émergents, qui devront faire reposer leur économie sur des services liés à leur marché national, qui a moins d’effets multiplicateurs sur la création de valeur. Cependant, les pays émergents connaissent eux aussi une forte augmentation de la demande de produits manufacturés et plus sophistiqués, et auront besoin d’une industrie locale. Grâce à des outils de production beaucoup plus flexibles, un capital engagé plus faible et une personnalisation des produits plus importante, l’Industrie 4.0 permet de mieux s’adapter à un marché très mouvant tout en mitigeant le risque. Son modèle peut justement aider à industrialiser localement un pays émergent, en permettant plus de coopérations gagnant-gagnant entre pays industrialisés et émergents via un principe de co-localisation. Le ou les partenaires étrangers apportent alors l’outil de production et la technologie pour développer le produit et sont rémunérés pour l’utilisation de l’actif industriel. Le pays « accueillant » peut ainsi créer de la valeur ajoutée autour de l’ensemble des activités de conception, marketing, vente et distribution du produit.